Nombre total de pages vues

29.3.14

Du rififi chez les agriculteurs allemands.

Une véritable émeute, voilà ce que promettent les fédérations allemandes d'agriculteurs si la loi sur le salaire minimum généralisé passe en Allemagne. Cette loi, réclamée par des commissaires européens, des gouvernements des pays limitrophes de l'Allemagne, et les syndicats de salariés, est à l'ordre du jour du conseil fédéral des ministres de mercredi prochain. On se rappelle que le salaire minimum généralisé est convenu au contrat de coalition du gouvernement fédéral actuel et il doit donc être approuvé par les députés fédéraux sous peine de rupture de la coalition au pouvoir. Il passera... à 8.50 € de l'heure, probablement au premier janvier 2015.
Les saisonniers recrutés pour les récoltes en profiteront - ils sont 330 000 par an, dont 290 000 viennent de Pologne et de Roumanie. En profiteront aussi les agriculteurs des autres pays européens qui ne pouvaient concurrencer les produits allemands tant que les salaires de saisonniers en Allemagne tournaient autour de 5,00 € de l'heure ! et qui pourront y retourner ; on peut penser que les produits les plus favorisés seront les asperges, fraises, radis et concombres, mais aussi le houblon et le raisin.
En profiteront moins les exploitations agricoles allemandes qui devront fermer pour cause de non-rentabilité, disent ceux qui fomentent l'émeute, et ils n'ont pas forcément tord, nous l'avons vu au nombre d'exploitations européennes qui ont dû fermer à cause des salaires de misère payés en Allemagne. Juste retour des choses ? Peut-être, si les exploitants (ouest-)européen arrivent à se remettre en selle avant que les exploitants (est-)européens ne profitent de l'aubaine.
Voilà pour l'agriculture.
Certains ont essayé, et vont encore essayer de faire voter des exceptions au salaire minimum, mais n'ont pas (encore ?) réussi totalement : n'auront pas droit au salaire minimum les jeunes de moins de 18 ans, les stagiaires si le stage est obligatoire pour leur formation, et les bénévoles, ni les stages servant à l'orientation professionnelle (tiens, un trou noir...), ni les chômeurs longue durée reprenant une activité pendant les six premiers mois (tiens, encore un trou noir...). Ne sont pas closes, disent certains, les discussions sur les salaires des retraités encore actifs, des mini-jobeurs, des porteurs de journaux, des jeunes de moins de 25 ans et ... des agriculteurs voire d'autres métiers qui vont ressortir du chapeau au dernier moment. Sans parler des trucs et autres tactiques qui seront expérimentés pour contourner le salaire minimum (les faux indépendants vont proliférer !).  Bref, il y aura encore des trous noirs.
Et que dire de la bataille sur la procédure à concevoir pour les augmentations futures ? Le gouvernement fédéral veut en garder la maîtrise, mais employeurs et salariés la revendiquent au nom de la primauté du partenariat social.
Et, évidement, sous réserve d'invalidations par le tribunal constitutionnel fédéral qui sera certainement appelé à se prononcer sur le respect du revenu minimum d'existence, du principe d'égalité devant la loi, et de la primauté  du partenariat social. Bref, nous ne sommes pas au bout des surprises.

Aucun commentaire: