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13.2.24

La Hongrie, l'Ukraine

Si vous faites aussi partie de ceux qui ne prennent pas Victor Orban pour un débile, mais plutôt pour un tacticien plus ou moins habile, voici comment j'interprète son comportement à l'égard de l'aide européenne à l'Ukraine : Victor O. comme de nombreux Hongrois n'acceptent toujours pas le remembrement de leur pays (et de l'Empire austro-hongrois) prévu au Traité de Trianon de 1920 et qui a continué à la fin de la seconde guerre mondiale. Ils ne l'acceptent pas du tout ; à tel point que je me suis fait virer d'une conférence que je donnais sur l'Europe à Budapest dans les années 1990 et où je posais fermement l'intangibilité des frontières résultant des guerres mondiales (et quand je dis virer, c'était manu militari et il a fallu que des personnes interviennent pour que je ne me fasse pas lyncher). Ils ont entre-temps adouci leur position, mais restent des auto-proclamés défenseurs des minorités magyarophones dans tous les pays voisins de la Hongrie (Roumanie, Slovaquie, Serbie, Ukraine, Autriche, Croatie et Slovénie). Sauf en Ukraine, dans les autres pays les minorités magyarophones disposent d'une autonomie linguistique et culturelle. Sauf en Ukraine, donc, où les écoles magyarophones sont réduites à la portion congrue et où les négociations inter-gouvernementales au sujet de la culture magyarophone en Ukraine n'avancent pas depuis le début des années 2000. De là à penser que Victor O. exerce un chantage sur l'Ukraine, il n'y a qu'un pas. De là à penser que, si la Russie devait gagner la guerre et annexer l'Ukraine, les négociations seraient faciles, la Russie respectant quelque peu les minorités culturelles (voir les républiques fédérées du Caucase), il n'y aussi qu'un pas.

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