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20.8.24

du rififi dans l'apprentissage professionnel en Allemagne.

Je vais ici vous parler de l'apprentissage industriel ou artisanal en Allemagne, celui qui fait la fierté du pays qui insiste aussi pour en répandre les bienfaits dans le monde ; je ne vous parlerai pas de ce qu'on appelle l'aprentissage en France qui n'en est qu'une pâle imitation. L'apprentissage de la vieille école allemande est un compagnonnage et je préfère utiliser ce terme pour ne pas embrouiller les esprits. Il a pour objectif de former les jeunes, et les moins jeunes aussi, à la culture industrielle ou artisanale, afin d'assurer la pérennité du système industriel et artisanal du pays. Je dis bien à la , et non pas uniquement à la prise en main de machines et autres outils, donc à la communication dans l'entreprise, à la prise de responsabilité spontanée, à la participation aux prises de décision, bref à toutes compétences dites de l'homo oeconomicus. Le système "Apprentissage" est encadré par la loi fédérale qui définit avec précision ce qui doit se passer dans l'entreprise partenaire, ceci ayant été décidé après consultation des syndicats professionnels et soumis au strict contrôle des chambres de commerce et d'industrie. Si, par exemple, une entreprise ne peut pas répondre à la totalité du cahier de charges de sa profession, c'est la CCI de son ressort qui va sortir le jeune de cette entreprise le temps de compléter les éléments de formation manquants dans des centres de formation des CCI, aux frais de l'entreprise. Et la CCI saura par où le jeune est passé - ou non passé - car ce dernier doit tenir à jour un cahier de formation détaillé, contrôlé régulièrement par l'inspecteur de la CCI. Parallèlement, le jeune fréquente une école professionnelle pour un enseignement théorique et culturel qui ne fait pas double effet avec la formation en entreprise, mais traite de matières de nature scolaire (allemand, anglais, mathématiques, sciences sociales et économiques, etc.) selon un programme encadré par la loi de l'Etat régional (Land). Avec pour conséquence, dit-on, que le chômage des jeunes en Allemagne est de 6.2% (Statista, juin 2024) ou, plus précisément, de 3.4% dans le Bade-Wurttemberg voisin (même source, juillet 2024). Bon, mais alors, quel problème ? Le problème concerne tout autant les entrepriises que les jeunes eux-mêmes. Quelques faits : Tout d'abord, les entreprises : le nombre d'entreprises habilitées à offrir un apprentissage est passé de 2010 à 2023 de 59% à 51% de toutes les entreprises quelles qu'elles soient. Mais le nombre d'entreprises formant réellement est, lui, passé de 54% en 2010 à 59% en 2023, ce pourcentage s'appliquant aux entreprises habilitées, on en constate que le nombre d'entreprises formant réellement, qui était de 32% en 2010, n'est plus que de 30% en 2023. (Tous ces chiffres tirés de publications de l'Office fédéral du Travail, août 2024). On en conclut une plus faible participation des entreprises à la formation. Nous verrons plus loin à quoi attibuer cette faiblesse. Toujours au sujet des entreprises, on relève que, à l'ouest de l'Allemagne, le nombre d'offres d'apprentissage non pourvues qui était en 2010 de 13% de la totalité de l'offre, est passé en 2023 à 35% (même source). Et c'est bien pire à l'est du pays. Comment les entreprises expliquent-elles qu'un bon tiers de leurs offres de formation ne trouvent pas preneurs (toujours à l'ouest du pays, 2023, même source) ? Si 13% n'ont pas été occupées parce que le candidat ou la candidate retenue s'est désisté, un tiers de ces entreprises n'ont pas reçu suffisamment de candidatures - apect purement quantitatif, et la moitié des entreprises interrogées déclarent que les candidatures présentées n'offraient pas le potentiel souhaité. On en est là : la chute de la démographie frappe les entreprises de plein fouet ; certains arguent aussi que le chute de niveau de l'enseignement général explique la faiblesse de beaucoup de candidatures. Et pourtant, les entreprises pensent offrir des bonbons intéressants pour attirer les bons candidats : des primes, des abonnements aux transports publics et autres facilitations, plus d'argent et des équipements électroniques, aide à la recherhe de logement et allocation supplémentaire de logement. Cela n'aura pas été très utile puisque les faits sont là : Certains métiers ou les conditions de travail ne ne sont plus attractifs, les chances d'évolution non plus, ou l'entreprise est située trop loin ou l'école profressionnelle. S'ajoute un autre aspect, qui ressort d'une étude de l'institut IW (proche des entreprises, 2024) : 30% des apprentissages industriels ne sont pas menés à leur terme, sachant que seul le jeune, et non pas l'entreprise, peut demander la fin du contrat. Leurs motivations : ce n'était pas le métier que j'aimerais avoir (60%) ; j'ai trop de conflits dans l'entreprise (52%) ; la formation n'est pas de bonne qualité (39%) ; problèmes d'argent (23%) etc. ou un cumul de ces motifs. Il est certain que la question des conflits interpelle ! La jeune généraion a toujours été difficile, sinon elle ne serait pas jeune, mais pourquoi les anciens n'arrivent-ils plus à s'en sortir avec eux ? Il nous manque des élements et jespèque qu'on les aura un jour. Je reste perplexe : si dans le Bade-Wurttemberg, seuls 3,4% des jeunes sont inoccupés, où veut-on trouver ceux qui pourrait entrer en compagnonnage ? Dans les universités peut-être où, là aussi, 30% des nouveaux entrants n'arrivent pas au Bachelor.

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