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1.12.08

Du rififi à Stuttgart.

Le congrès de la CDU vient de prendre fin à Stuttgart et j'en retire un sentiment bizarre. Deux interventions méritent que l'on s'y arrête : celle de la chancelière et celle de Friedrich Merz.
La Sueddeutsche Zeitung disait de la chancelière : "Wenn die Kanzlerin von sozialer Marktwirtschaft redet, dann klingt das so, als ob der Papst von den Vorzügen des Protestantismus spräche." et c'est vrai que j'ai du mal à la suivre : Peut-on simultanément, sans perte de crédibilité, faire du libéralisme et du keynésianisme ? D'une part, avoir confiance dans les forces d'un marché sur lequel la concurrence joue vraiment, et le récent arrêt dans l'affaire du Kartell des gaziers prouve que c'est le cas en Allemagne, et, d'autre part, injecter plus de 500 milliards € (je dis bien cinq cent milliards d'euros) dans la reconstruction de la confiance dans le système bancaire, sans un raisonnement philosophie, politique et économique solidement construit ? Peut-on agir ainsi aujourd'hui et, demain, revenir à l'orthodoxie chrétienne-démocrate sans autre motif qu'aujourd'hui le salut public impose une politique pragmatique et non idéologique ? J'en doute et la CDU s'en mordra les doigts dans quelques années.
Quand à Friedrich Merz, que j'ai rencontré quelquefois au Parlement Européen à Strasbourg et dont j'appréciais la rigueur intellectuelle, il a maintenant quitté la vie politique et on le regrettera un jour, s'il ne revient pas par la porte de derrière, ce dont il est capable. Mais... que penser du satisfecit qu'il donne en partant à la politique de crise de la chancelière ? Lui, adepte de l'orthodoxie de l'Ecole de Fribourg - la Soziale Markwirtschaft, dont v. Hayek expliquait très bien la teneur : "Die Marktwirtschaft ist an sich sozial. Sie braucht nicht erst sozial gemacht zu werden." ; lui, pourfendeur des baisses d'impôts - avec Paul Kirchhof de l'Ecole de Heidelberg - car elles seules assurent un flux suffisant d'investissement industriel et donc garantissent le Sozial ; lui, il accepte maintenant que les baisses d'impôts sont repoussées à après la crise ? J'en conclus qu'il a voulu profiter de son dernier micro pour faire une pirouette, peu convaincante.
Pour conclure, si la démocratie chrétienne allemande se socio-démocratise pour cause de Grande Coalition, la social-démocratie va-t-elle se christ-démocratiser ? Qui y gagne ?